Illusions
"On se porte vers une chose parce qu'on croit qu'elle est bonne,
et on y reste enchaîné parce qu'elle est devenue nécessaire"
"Le présent, à proprement parler, n'existe pas (sinon le présent comme limite), et pourtant c'est à cela que nous sommes soumis.
Telle est notre condition. Nous sommes soumis à ce qui n'existe pas.
Qu'il s'agisse de la durée passivement soufferte - douleur physique, attente, regret, remords, peur - ou du temps manié - ordre, méthode, nécessité - dans les deux cas, ce à quoi nous sommes soumis, cela n'existe pas.
Mais notre soumission existe. Nous sommes réellement attachés par des chaînes irréelles.
Le temps, irréel, voile toutes choses et nous-mêmes d'irréalité."
L'imagination combleuse
"L'imagination travaille continuellement à boucher toutes les fissures par où passerait la grâce"
" Le temps est une image de l'éternité, mais c'est aussi un ersatz de l'éternité. (...)
Avenir combleur de vides. Parfois aussi le passé joue ce rôle (j'étais, j'ai fait...).
Dans d'autres cas, le malheur rend la pensée du bonheur intolérable ; il prive alors le malheureux de son passé"
Détachement
"La misère humaine serait intolérable si elle n'était diluée dans le temps"
"La réalité du monde est faite par nous de notre attachement.
C'est la réalité du moi, transportée par nous dans les choses.
Ce n'est nullement la réalité extérieure.
Celle-ci n'est perceptible que par le détachement total.
Ne restât-il qu'un fil, il y a encore attachement."
La pesanteur et la grâce
Eaux fortes
La nature est tout ce qu’on voit,
Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime.
Tout ce qu’on sait, tout ce qu’on croit,
Tout ce que l’on sent en soi-même.
Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l’aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu’on la respecte en soi-même.
Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t’aime.
La vérité c’est ce qu’on croit
En la nature c’est toi-même.
George Sand dans "A Aurore"
Aimer
Le coeur des autres
Il y a des routes qui n’existent que si nos pas les empruntent.
Il y a des mots que l’on prononce à demi pour que l’autre y place sa moitié...
Dans cet étrange ballet de lignes, subtiles et affamées, les partitions surgissent pour que s’y joue notre vie.
C’est en coulisses que se forment les sons, les syllabes enfin les mots que l’on appelle une fois sur scène.
Dans le sombre détour d’une arcade, sourcille le regard de celui qui voit le cœur de celle que d’autres ne voit guère ; se jettent alors les instants précieux de nos échanges, souvenirs nocturnes et attentifs : ceux d’une mère pour un fils qui n’oubliera jamais ce qu’elle fût pour lui naguère.
Croire en cette idée de lendemains meilleurs pour qu’enfin se lève à l’horizon,
l’espoir puis la certitude de se retrouver à nouveau sur les sentiers du cœur auprès d'une mère et de son éternité…
Joseph Castel