Sourires
"Les indiens ne sont jamais joyeux : ils sourient souvent, c'est vrai, mais ce sont des sourires de douceur et non de gaîté".
"Les hindous forment le peuple le plus doux que l'on puisse connaître. La non-violence appartient à ses racines, et à sa raison d'être".
"Il se peut que parfois il défende sa faiblesse avec un certain manque de sincérité, mais c'est une frange d'ombre autour d'une lumière absolue, d'une transparence totale".
"Il suffit de considérer leur manière de dire oui. Au lieu de hocher la tête comme nous, ils la secouent, comme quand nous disons non : la différence de geste n'en est pas moins énorme. Leur non qui signifie oui consiste dans une ondulation de la tête (leur tête brune, dansante, avec cette pauvre peau noire, qui est la couleur la plus belle que puisse avoir une peau), avec tendresse, dans un geste empreint de douceur"
"La tête monte et baisse, comme légèrement détachée du cou, et les épaules ondulent également un peu, avec un geste de jeune fille qui vainc sa pudeur et montre effrontément son affection.
"Vue de loin, les foules indiennes restent gravées dans la mémoire, avec ce geste d'assentiment, et le sourire enfantin et radieux dans le regard, l'accompagnant toujours. Leur religion tient dans ce geste".
Extraits de "L'odeur de l'Inde" de Pier Paolo Pasolini lors d'un voyage en Inde en 1961
Le marché toujours
Expérience olfactive
Les indiens distinguent les aliments "hot" et les aliments "cold".
Cette opposition ne s'applique pas à des mets pimentés ou non. Elle n'indique pas non plus la température à laquelle ils sont servis.
Elle concerne l'effet qu'ils sont supposés avoir sur l'organisme selon la médecin ayurvédique. Ces notions de "chaud" et de "froid" sont à la base des austères avertissments que peuvent donner les anciens sur ce qu'il faut (ou pas) manger selon la saison, son état de santé ou sa condition.
Les femmes enceintes se doivent ainsi de renoncer strictement aux aliments chauds par crainte qu'ils ne provoquent une fausse couche.
Après l'accouchement, ces aliments chauds vont au contraire les aider à se remettre.
"Je ne sais pas très bien ce que c'est que la religion indienne"
"Je sais qu'en substance, le brahamanisme parle d'une force vitale originelle, d'un "souffle", qui, par la suite, se manifeste et se concrétise dans la mouvance infinie des choses"
"J'ai essayé d'en parler avec de nombreux hindous : mais aucun d'entre eux n'a la moindre idée à ce sujet. Chacun a son culte, Vishnu, Shiva ou Kali et en observe scrupuleusement les rites".
"Mais je peux dire quelque chose : les hindous forment le peuple le plus doux que l'on puisse connaître."
"Heureusement, l'hindouisme n'est pas une religion d'Etat. C'est pourquoi les saints ne sont pas dangereux. Tandis que leurs fidèles les admirent il y a toujours un musulman, un bouddhiste ou un catholique pour les regarder avec compassion, ironie et curiosité".
"C'est un fait qu'en Inde, l'atmosphère est favorable à la religiosité"
"Mais, à mes yeux, cela n'implique pas que les indiens soient vraiment préoccupés par de sérieux problèmes religieux.
Certaines de leurs formes de religiosité sont forcées, typiquement médiévales : aliénations dues à l'épouvantable situation économique et hygiénique du pays, qui rappelent celles qui eurent lieu en Europe, au Moyen Age, précisément, et qui peuvent frapper des individus ou des communautés entières".
Extrait de "L'odeur de l'Inde" de Pier Paolo Pasolini lors d'un voyage en Inde en 1961.
Culte et dévotion
"Le culte sans dévotion est un gaspillage de feuilles"
Proverbe Telougou
Quelles que soient leur foi et leur pratique, tous les Indiens considèrent la religion comme un élément aussi déterminant de l'identité personnelle qu'indispensable au bien-être de la famille et de la société.
Dans l'hindouisme, "Tout est Un, Un est Tout, Tout est Dieu".
Conscience divine impersonnelle et indifférenciée, Brahma est l'unique Réalité. Tout le reste est maya, illusion.
Les textes fondateurs s'emploient à mettre en lumière que "Tout est Un" et à éclairer le chemin permettant d'échapper au cycle illusoire des morts et des renaissances pour retourner à l'Un.
L'hindouisme est une religion du récit et non de l'histoire, centrée sur le rituel et l'idéologie et non sur des personnages ou des évênements du passé comme c'est le cas pour le christianisme.
Divinités infinies
Quelques pistes à propos de l'hindouisme...
Le Dharma, mot qui signifie "devoir", mais aussi "vertu" ou "ordre universel", est la voie à suivre par chacun pour maintenir l'harmonie du cosmos.
Il faut pour cela pleinement assumer ses responsabilités au sein de sa famille et de la collectivité, et donc remplir les devoirs liés à sa caste.
Le Samsara, désigne le cycle des naissances, vies, morts et renaissances qui forme le destin de tout être vivant, qu'il soit humain ou animal.
Cette croyance en la réincarnation explique l'importance accordée par les hindous à un régime végétarien.
Le Karma, enchainement moral de causes et de conséquences, influe sur la renaissance. Le bien que l'on fait sera rendu. Ce sont les actes réalisés de notre vivant qui nous conduisent éventuellement à la moksha, la libération du cycle des réincarnations.
Le puja, le prasad et le tilak sont des manifestations de dévotion. Responsables de bien-être spirituel de leur mari et de leurs enfants, les femmes accomplissent les rituels (puja) àl'autel domestique dédié à la divinité familiale.
Elle lui font d'abord offrande de fleurs, de nourriture ou de feu, puis distribuent le prasad aux personnes présentes, généralement sous forme de ladoo, des boulettes de pâte sucrée. Purifié par les prières et les rituels le prasad apporte la bénédiction divine à ceux qui le mangent.
Mélange de genres...
Comme dans la plupart des religions, les prières s'achètent...
L'Inde est réputée pour sa tolérance. Au coeur du discours de Gandhi, la tolérance a joué un rôle essentiel dans le processus de démocratisation et de laïcisation du pays depuis l'indépendance.
Mais les indiens ne lui donnent pas le même sens que nous, les occidentaux. Ils ne la voient pas comme une acceptation des différences consistant à placer sur un pied d'égalité des approches divergentes.
Ils reconnaissent juste que les différences sont inévitables et qu'elles doivent être supportées pour permettre à tout groupe de survivre. En fait, ce n'est pas à la tolérance qu'ils attribuent de la vertu, mais à la co-existence.
Dans tous les villages comme dans toutes les villes, des personnes très différentes vivent et travaillent côte à côte. Mais des règles et des attributions précises de rôles, entretiennent une distance relationnelle et des démarcations sociales.
Par exemple, les interdits familiaux et communautaires sur la conversion et les mariages mixtes ont pour effet de préserver la pureté de la pratique religieuse et la lignée.
Le dieu Ganesh
Les puja, célébrées jour et nuit par les prêtres des temples, confèrent grâce, pardon ou force spirituelle aux croyants qui se rendent dans les sanctuaires avec des offrandes de nourriture ou d'argent.
Ils s'imprègnent de ces bienfaits grâce au feu que l'officiant leur présente. S'aidant des mains, ils en dirigent la fumée vers leur visage ou le haut de leur tête.
Le saint homme qui a accompli la puja marque le front du purifié d'un tilak tracé avec la cendre issue du brasero ou une poudre colorée comme du curcuma, du safran ou de l'argile.
Souvent, la forme de la tache indique quelle divinité a été vénérée.
Les plafonds extérieurs du temple.
Ayyanar, le dieu protecteur des villages tamouls.
Récit de la création du monde en Inde
Au commencement du monde, il y avait un vaste océan de lait que les dieux (Deva) et les démons (Asura) devaient baratter en prenant pour pivot le mont Meru (aujourd'hui le Kailash au Tibet), axe du monde dans la mythologie hindoue, posé sur le dos de la tortue Akupara, et tirant chacun leur tour la corde formée par le serpent cosmique Vasuki.
Voici Ganesh et ses parents Shiva et Parvati
De l'océan, surgirent une multitude de trésors :
- Shurabhi, la vache sacré (source perpétuelle de beurre et de lait
- Varuni, la déesse du vin
- Parijata, l'arbre du paradis qui parfume le monde
- Chandra, la lune qui orne la chevelure de Shiva
- Hala, le poison violent qui laissera sa marque bleue sur la gorge de Shiva
- Ucchaisshravas, un cheval blanc, ancêtre de tous les chevaux, dont les sept bouches symbolisent les couleurs de l'arc en ciel
- Shrî, la déesse de la beauté et de la fortune, assise sur un lotus
- Airâvata, l'éléphant blanc, monture du dieu Indra
- Les Apasaras, déesses venues des eaux
- Dhanvantari, le médecin des dieux, tenant dans ses mains une coupe pleine d'amrita